La bafouille de Pat du 6 avril 2020
La Trans-Mission au fil de l’eau …
N° 7. : Le bon âge pour céder ?
Nos entrepreneurs belges se retirent-ils trop tôt ou plutôt trop tard ? Deux cas extrêmes :
- Une entreprise technologique florissante est vendue par ses fondateurs, encore jeunes. Elle devient beaucoup moins emblématique, et vraisemblablement moins rentable, et en tout cas moins créatrice d’emploi dans la région de ses fondateurs. Il est bien compréhensible que face à la lourdeur de la gestion d’une entreprise dans notre pays (administration, paperasserie, fiscalité à tous les coins de rues, ressources humaines « sur-protégées » et parfois « capricieuses »,…) à comparer avec l’opportunité de se mettre définitivement à l’abri financier via une plus-value, non taxée, le choix peut-être vite fait !
Je suis convaincu que ces encore jeunes entrepreneurs avaient « en stock » de la valeur à ajouter à leur entreprise, donc à notre économie,
- Un très vieux patron d’un ancien fleuron industriel wallon, se rendait chaque matin à son usine. Il accédait à son bureau via un ascenseur personnel. Sa secrétaire lui remettait le signataire de la journée. Il parcourait et signait les courriers. Il recevait ensuite les directeurs de départements, pour prendre le pouls de son entreprise, donner ses instructions. Il transmettait le fruit de son expérience, il apportait son impulsion. En fin de matinée, son chauffeur l’emmenait au golf ou ailleurs, où il retrouvait ses vieilles relations d’affaires, des décideurs, des politiques, et après un bon déjeuner à « refaire le monde » et à influencer son environnement, il rentrait se reposer…
Il n’y a pas de solution unique et parfaite. Chaque entreprise est un cas particulier, chacune repose sur une culture que lui a insufflé ses dirigeants.
Je me garderais bien de déclarer à son patron qu’il est temps de se retirer.
Il convient pourtant de sourire du discours que j’entends souvent : « si mon personnel apprend que je vais vendre, il va quitter l’entreprise », « si mon banquier sent que je vais arrêter, il va couper les lignes de crédit, c’est en moi qu’il a confiance… », « les fournisseurs vont refuser de livrer ou alors continuer mais contre paiement comptant … », « les clients vont partir à la concurrence … » !
Avec le manque de respect que je peux me permettre à mon âge, et aussi parce que je l’ai vécu personnellement dans l’une de mes entreprises, on entend plutôt : « il est temps qu’il prenne sa retraite le vieux, l’entreprise ne s’en portera que mieux … ! ».
Laissons à chaque patron le soin de suivre son intuition (bafouille N°5 sur le bon sens). Il prendra sans doute la bonne décision : « céder maintenant ou rester encore ».